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Un individu éveillé ?

Message sur le forum cafe-eveil.org :


Quand tu dis qu’il n’existe pas d’individu qui s’éveille, qu’entends-tu par là ? Pour ma part, je bute toujours sur cette formule, parce qu’elle me semble justifier la prétention de certains à se croire n’être devenu plus personne.

Dire qu’il n’y a pas d’individu qui s’éveille, c’est équivalent à dire que seul Dieu est. C’est vrai dans l’absolu. Mais pour ce que soit vrai lorsqu’on le dit, il faudrait que ce soit Dieu qui le dise. Or quand on le dit, on n’est précisément pas Dieu, mais le gugusse.


Ce qui me dérange, au fond, quand on dit qu’il n’y a pas d’individu qui s’éveille, c’est qu’on autorise l’individu à parler au nom de Dieu. Alors que sa seule mission est de s’effacer devant Lui, et non pas prendre sa place.


Je trouve donc plus juste de dire que l’individu connaît Dieu, qu’il sait que dans l’intimité de son "je", il est Dieu, il est l’Un, et que ce savoir dont il dispose, cette compréhension, lui permet de voir au-delà de l’illusion. En ce sens, il est bel et bien éveillé. Il ne dort plus.

Par tes commentaires et ton analyse très fine, nous entrons ici en un mystère que les mots ne peuvent pas, ou alors vraiment mal, exprimer. Mais je ne vais pas ici m’enfuir en agitant le drapeau "paradoxe !" et ainsi me défaire de toute tentative d’expression au plus près de ce mystère…


Pour ce, je vais utiliser une description de mon "expérience" qui va - peut-être - ainsi éclairer cette phrase "Il n’existe pas d’individu éveillé".

J’utilise souvent l’expression "camp de base"pour décrire "Cela", ou encore "capacité" selon Douglas Harding. Dans ton texte, elle semble être d’une certaine manière "là-bas", vue et expérimentée par le petit personnage. Et en cette lecture, il est vrai que le personnage qui en prend conscience, à travers ce savoir, cet éveil, semble de fait Éveillé !


Ce qui s’est passé dans l’histoire-Didier - il y a maintenant plus de 20 ans, et ceci, sans retour en arrière - semble avoir été plus radical que cela.


La réalité de "qui je suis réellement" a été totalement "transférée" en ce camp de base, sans trace restante d’objectivité (liée à un corps, un esprit, un objet). Par exemple, l’outil utilisé par certains enseignants, du petit "moi" en face d’un "Soi" ne fait plus sens. (C’est même un des moteurs de la "roue de hamster" du chercheur.)


Et pourtant, "Didier" est tout à fait fonctionnel ; je dirais même qu'il fonctionne encore mieux qu’avant. La différence fondamentale ? Quoi qu'il se passe au sein de l’histoire-Didier, les étiquettes "moi" et "non-moi"ne font plus le moindre sens.

Pour dire que "Didier" s’est éveillé, il faudrait d’abord isoler la bête de manière réelle, et cela n’est pas/plus possible... Il y a bien des règles du jeu que j'utiliser dans la "vie de tous les jours" ; je recours aux concepts "moi" et "les autres", par exemple. Mais ces règles sont 100% relatives à la situation, au sens, et ne décrivent jamais rien de réel.

Par exemple, lors d’un dialogue oral ou écrit entre Didier et J. Il n’y plus la moindre différence d’origine, de substance, de réalité, entre ce que "Didier" dit et ce que "J" dit. Il y a asymétrie bien sûr, ce qui est dit d'un côté du dialogue est plus fort et proche que de l'autre, mais ce sont de simples variations d’ordre sensoriel qui ne sont pas interprétées comme un "moi" s'exprimant ici avec un "non moi" là-bas.


Un des aspects à noter est la disparition totale de ce que Ramesh Balsekar appelle "the (false) sense of doership", l’impression (hallucinatoire) d’être l’auteur de ses actions. (Ceci est un sujet complexe par lui-même et sort du cadre de cette réponse.)

C’est“faire disparaître quelque chose qui n'existe pas…” c’est à dire faire disparaître ce rêve d’exister de façon localisée dans le temps et l’espace en la manifestation.


Quand une rêverie disparaît, s’est-il vraiment passé quelque chose ? Et plus important encore, pour qui ?


Il y a bien sûr des effets secondaires au sein de l’histoire pour le gugusse, le soi-disant Didier, mais très franchement, on s’en fout royalement. 😉

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