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Une pratique, pas de pratique ?

Email de P.


Je tenais à te remercier et te montrer toute ma gratitude pour ce livre. Je me suis rendu compte que : P. ( la conscience ) remercie Didier ( la même conscience ), pour un livre dont ils étaient tous les deux l'unique auteur...


Exactement, c’est chouette, non ?


P: Du coup, "notre" livre "m'a" rendu bien plus qu’enthousiaste. Il m'a amené à la remise en cause complète du libre arbitre et surtout entrouvert la dissolution de P., en tant qu'individu séparé, identifié à ce corps. Dans un souci de simplicité, j'utiliserai les mots "je", "mon", etc.. ou sinon je devrais parler de moi à la troisième personne ?


C’est bien sûr bien plus pratique de parler de "je", "moi", "mon", en relation au "gugusse" (comme je l’appelle affectueusement), sans perdre de vue - jamais - que ce n’est qu’une forme grammaticale.


Le vrai “Je” est Cela, source qui se sait directement, et ne peut même plus être qualifié comme un “Je", vu qu’il n’y a plus “tu, il, elle," etc…)


Parler du "gugusse" à la 3 ème personne peut dans certains cas être très utile pour décoller de cette impression tenace d’être identifié/localisé dans un corps. C'est une technique que j’utilise de temps en temps dans mes ateliers. Pour certains, c’est une forme de manipulation ridicule, pour d’autres une vraie révélation...

Bref... J'ai l'impression d'avoir compris intellectuellement les enseignements de ce livre mais, de mon expérience, la compréhension doit être vécue, car sinon c'est donner de la nourriture à l'intellect, et donc à l'égo.


Je suis dans une position où j'ai cette conviction d'être sur le bon chemin mais assez alerte pour voir que le mental essaie de se l'approprier, et de re-tricoter un amas d'interrogations sur ce nouveau sujet.

Oui, c’est effectivement une possibilité. Mais note qu'il y a quand même une utilité au mental à détricoter le mental ! Donc dans une approche négative, de dissolution, les concepts intellectuels qui annihilent d’autres concepts alimentant la séparation sont toujours utiles.

Jusqu'au moment où il n’y en a plus, ou quasiment plus, c’est un passage de grand vide, de non-savoir. Pas encore de plénitude, mais une découverte directe de la Vacuité.

Cette constatation était formulée sous forme de question par mon guide Ramesh Balsekar, “Who wants to know?” -> "Qui donc veut savoir ?”

Quand la réponse non verbale, amène une évidence que tout savoir est relatif, et localisé au sein de l’histoire, il y a enfin un vrai lâcher prise.


Quand les questions apparaissent, une autre question les domine : "Qui donc pose cette question ?" Et c'est bien Pierre le chercheur. Chercheur = Quête = Séparation .. J'en reviens toujours à ce point, et ça bloque.


Voilà, j'ai répondu précédemment sans avoir lu la suite du message, comme je le fais toujours pour être au plus proche de la logique et du ressenti de mon interlocuteur, et nous arrivons ensemble à la même question. 😃 🥂


D'accord, je remarque ici :


1/ Tu ne peux pas manipuler cette recherche, ces questions qui arrivent, ne pas faire, ne pas suivre ces interrogations, car ce serait juste un autre “faire”, un “non-faire”, une forme de manipulation.


2/ Si, intellectuellement au moins, tu es d’accord que ce "chercheur" n’existe pas vraiment, c’est en fait la "source" qui fait, et d’ailleurs qui fait tout, recherche ou courses au supermarché. Quand il y a mise en route de recherche spirituelle, le chercheur est juste une étiquette, une fonction, un sous ensemble d’actions... Pas une personne ! Quand "tu" fais tes courses, peux "tu" vraiment dire que cela génère un "coureur" ? Non, ce serait ridicule, il en est de même pour le soi-disant "chercheur”…


3/ Je t’entends bien, il y a une possibilité de créer et recréer le chercheur sans fin, mais cela n’est un “problème” que si ce concept / percept (chercheur), léger et de l’ordre de la supposition, est transformé en une "personne" autonome, lourde, de l’ordre de la réalité.


En ces temps de confinement, j'en ai profité pour méditer plus que d'habitude, la méditation est pour moi un moyen simple de calmer les pensées. Mais s'il y a méditation, il y a en soi la recherche d'un meilleur ? Donc séparation ? Et pourtant c'est en méditation que j'ai eu ma première impression : Je suis "êtreté". Je celui "Cela".


La méditation est un excellent outil de déconstruction (la seule chose qui puisse se "faire".) Et effectivement, le piège est de ne pas créer virtuellement un "méditant" qui accumulerait les bénéfices et les conclusions de ces méditations. Il est donc sain de Voir qu’il y a juste méditation, comme il n'y a juste que la totalité de toutes les actions du gugusse, sans personne pour se les approprier.


Dans le livre, tu parles de laisser la place au "trouveur", cela fait un grand écho en moi. Tu as mis en lumière qu'un chercheur est forcément séparé, et aussi qu'il y a une ceratine complaisance dans le fait d'être chercheur spirituel, de vouloir une version meilleure de moi-même, etc...

Mais par définition, pour être trouveur, il ne faut faire aucune pratique. Il ne faut rien faire, juste s'autoriser. Mais pour s'autoriser, il faut faire quelque chose, non ? Je bloque ! As-tu un conseil ou une pratique pour aider ?


Une fois de plus, l’accent n’est pas mis sur l’histoire qui se déroule (recherche, exercices, explorations, méditations, etc…) mais plutôt sur un état d’esprit, une ouverture.


Si, en ces différentes activités, il y a la croyance et le sentiment d’une personne allant du point A au point B (l’Eveil ?), c’est une activité de chercheur, qui a tendance à être une prophétie auto-réalisatrice. En démarrant du point du vue de la personne-chercheur, la seule chose qui pourra être découverte est la personne-éveillée qui n’existe pas ! C’est un mythe !


C’est d’ailleurs ce qui fait que les "fulgurances" se perdent, et la roue du hamster tourne sans fin…


Pour sauter de cette roue de hamster, il est essentiel d'avoir une confiance totale dans le message "Tu es déjà Cela", même si ce n'est pas 100% vu ni compris. De ce nouveau camp de base, "Je suis déjà Cela", toute action sera vue et vécue comme une "modulation" de Cela, et un soi-disant "chercheur" ne pourra ainsi plus faussement s’approprier aucune activité ?


P: Je ne vois pas d'attachement personnel dans le témoin : si cela est impersonnel, comment peut-il rester une moindre identité ?

La réalité de ce que nous sommes, n’est pas un "moi” impersonnel, transparent et détaché, mais une absence totale et absolue de point de vue, d'une personne, aussi subtile et impersonnelle soit-elle.


L’histoire se déroule bien sûr à partir d’un angle spécial, du point de vue du gugusse, mais ce “savoir” que nous appelons “conscience” n’est ni localisé ni séparé de cette histoire. Il n’y a pas de témoin de cette histoire. Il n'y a que cette Vie qui se sait directement.


J'ai longtemps désiré un maître ou un guide physiquement proche, pas pour avoir l'enseignement (qui me semble est accessible de partout) mais pour avoir ce vécu direct à ses côtés, pouvoir observer les choses qui ne sont pas transmissibles par vidéo.


Tu expliques bien qu'il n'y pas besoin de maître et même que le maître, c'est soi. Et tant qu'il y a un maître, il y a Chercheur. Chercheur = Quête. Mais ne faut-il pas passer par là pour se rendre compte que ce n'est pas nécessaire ? Je sais que le monde est rempli de contre exemples, d’Eveil sans guide...

Il y a ici plusieurs niveaux de réponse :


1/ Le “maître”effectivement n’existe pas. Il peut sembler apparaître sous forme d’un nom ou d’un livre, ou physiquement, mais cela ne fait aucune différence. Même si Ramesh Balsekar a été très présent dans mes dernières années de recherche, il n’est en aucun cas la cause de ce qui s’est produit, tout juste un "signe avant-coureur", au même titre que des centaines d’autres !

2/ Ces apparitions, ou signes avant-coureurs, n’existent pas en dehors de ce que tu es "vraiment”. Et croire qu’il y là une "autreté", un sage positionné là-bas, qui lui sait, est de fait créer la division, l’autre. Dans tous les cas, tu (ce que tu es vraiment) fais toujours les questions et les réponses, incluant ce courriel. 😉


3/ Par contre, oui, il semble que la rencontre physique ait un grand pouvoir à lever le voile, non pas par un message fondamentalement différent, mais par une possibilité de vraie et profonde relaxation et confiance. D’entrevoir et d’accepter la possibilité que la non-dualité n’est pas juste une philosophie, un savoir, mais une description d’un potentiel vivant, s’exprimant en "chair et en os".

En relisant tout cela j'ai l’impression que mon unique question est : "Ne pouvons-nous rien faire pour découvrir que l'on est conscience ?"


Non, nous ne pouvons rien faire. Mais par contre, il semble que cela n’empêche pas les “faire” d’apparaître, et même de plus en plus souvent à mesure que la première proposition (nous ne pouvons rien faire) devient de plus en plus claire et évidente. 😃 Un paradoxe pour le mental, c’est en fait la simplicité même.


J'ai pleinement confiance en la Vie car je suis Vie et, même s'il reste des interrogations, elles ne sont que dérisoires par rapport à la joie de vivre. 🙂


Excellent ! Gratitude de cette Vie à cette Vie... 🙏

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